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Avec l'inauguration des Autorails TER X 73500 commandés par la région Franche-Comté, les X 2800 qui assurent quelques mois la liaison Besançon - La Chaux-de-Fonds vont laisser la place aux nouveaux venus. L'occasion d'un nouveau voyage avec l'un de ces "bleus d'Auvergne" dont le rayon d'action se réduit de saison en saison...
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La traversée du Jura commence en fait au bord du lac de Neuchâtel, par une trentaine de minutes d'un voyage agréable à bord d'une rame réversible CFF. La ligne s'élève dans la campagne et offre un panorama dégagé sur le lac. A Chambrelien, terminus tout le monde rebrousse : pour un peu, on se croirait dans les Andes, où la ligne escalade la montagne en zig-zag... Malgré un profil visiblement raide, la Re 4/4 II n'a aucun mal à hisser les 5 voitures (dont un fourgon assurant la réversibilité) avec des démarrages énergiques à chacune des quelques gares desservies.
A la Chaux-de-Fonds, spectacle rare (mais hélas pas photographié), sous l'oeil du voyageur amusé : un tracteur de manoeuvre Ee3/3 met à quai... un X 2800 ! Mais profitons encore du confort silencieux de la rame CFF, qui continue jusqu'au Locle, où nous attendrons l'arrivée de l'X 2843 assurant ce jour le TER 96424 La Chaux-de-Fonds - Besançon.
Deux aller-retours et demi sont assurés quotidiennement de bout en bout (un et demi les samedis et dimanches) par des X 2800 de Lyon-Vaise, en attendant l'introduction des Autorails TER X 73500 ; un mouvement matinal Morteau - La Chaux-de-Fonds (destiné aux frontaliers) et un car Morteau - Le Locle en soirée assurent l'équilibre de la desserte. Le trafic des migrants quotidiens frontaliers explique probablement la curiosité qui consiste en la succession de deux dessertes identiques à moins d'une heure d'intervalle, avec deux départs du Locle à 16:09 et 17:03 vers Besançon.
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Entre la voie métrique des CMN (au fond) et la voie CFF (au premier plan) passent les X 2800 pour Besançon. |
Malgré un plan de voies des plus sommaires, la gare du Locle voit passer les trains de trois compagnies, avec deux écartements différents : outre les rames des CFF assurant la liaison avec Neuchâtel et Bienne, on y rencontre les X 2800 (et maintenant X 73500) de la SNCF et les automotrices à voie métrique des CMN (Chemins de fer des Montagnes Neuchâteloises) qui assurent les liaisons vers Les Brenets. Ces automotrices et les autorails SNCF se partagent le même quai (côté opposé au BV) moyennant un contournement du terminus du réseau métrique par la voie normale.
La desserte CFF comporte des liaisons cadencées vers Neuchâtel (toutes les heures) et Bienne (toutes les deux heures) ; avec au minimum un départ par heure pour Les Brenets, la desserte côté français fait un peu pâle figure... même si la densité de population de part et d'autre de la frontière et les "zones d'attraction" respectives de Besançon et Neuchâtel justifient pleinement une telle différence.
Et, avouons le en toute objectivité, ce ne sont pas les X 2800 qui peuvent remonter l'image de la liaison auprès des voyageurs hélvètes, qui ont complètement perdu l'habitude du matériel thermique... et bruyant, malgré la douce mélodie du MGO des petits bleus !...
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Et pourtant, esthétiquement parlant, les X 2800 n'ont rien à envier au matériel Suisse qu'il côtoie régulièrement à La Chaux-de-Fonds ou au Locle : mêmes rondeurs sympathiques et rétro que les fourgons pilotes réversibles des CFF, même cote de popularité que les Re 4/4 II auprès des amateurs et photographes de leurs pays respectifs.
En tous cas, l'arrivée et encore plus le démarrage des X 2800 au Locle ne passe pas inaperçu. Coup de sifflet tonitruant de l'agent d'accompagnement SNCF (qui va jusqu'à La Chaux-de-Fonds), double coup de klaxon en cabine pour donner le départ, et accélération sonore du diesel. Ca descend fort jusqu'à la gare du Col-des-Roches, limite d'exploitation entre les CFF et la SNCF.
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Un X 2800 Besançon - Le Locle aux abords de Besançon-Mouillère. Eté 2001. Photo : Damien Deray |
En gare du Col-des-Roches voisinent la signalisation CFF et un unique signal lumineux de block manuel SNCF côté Morteau. Curiosité, l'agent-circulation CFF donne le départ à l'aide de la palette "de commandement" réglementaire aux CFF, de forme circulaire, et probablement après avoir effectué, avec l'agent SNCF de Morteau, les procédures pour donner la voie...
Dans l'autorail, pas grand monde en ce lundi. Ca commence à monter à partir de Morteau, pas mal d'étudiants et de scolaires internes qui rallient Besançon en prévision de la rentrée toute proche.
Le contrôleur me confirme que la liaison n'est pas répertoriée comme relation internationale, ce qui fait qu'on ne peut pas obtenir de billet combiné Neuchâtel - Besançon ailleurs que dans les gares de la ligne : cela explique qu'aucun guichet SNCF n'ait pu me faire de billet Lausanne - Neuchâtel - Besançon direct (l'informatique ne connait aucun train entre Neuchâtel et Le Locle...). Pas la peine de chercher un composteur au Locle, le contrôleur fait lui-même le travail, comme en Suisse...
La ligne serpente sur les plateaux jurassiens, s'enfonçant quelques kilomètres dans une étroite et sombre vallée ; le moteur vrombit pour grimper les quelques rampes rencontrées, avant que ne commence la vertigineuse descente vers Besançon-Mouillère. On s'y arrête avant de rejoindre la "grande" ligne et la gare de Besançon-Viotte, terminus. Et après quelques maneouvres (histoire d'ajouter une remorque), ça repart en sens inverse pour Morteau... mais là c'est complet, avec beaucoup de migrants journaliers, salariés, scolaires et étudiants.
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