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Entre 1963 et 1973, avec René Goscinny comme rédacteur en chef, le journal Pilote a marqué toute une génération. Orienté au départ vers les lycéens, il a grandi avec ses lecteurs. Ses pages 2 et 3, avant d'être le domaine des Dingodossiers et de la Rubrique à brac, ont accueilli une rubrique destinée aux lycéens : « le potache est servi ».
Cette rubrique, dans le numéro du 4 juin 1964, portait un grand titre « Le scandale de C doit vite cesser ». Nous la recopions pour remémorer cette époque où le train était le mode de transport naturel des départs en vacances et le support évident des exercices d'arithmétique.
Ce texte était illustré d'une photo d'accident ferroviaire accompagné de la légende suivante : « Un nouvel exemple du scandale que nous dénonçons dans cette page : une collision au carrefour ferroviaire de C, dont un pigeon a été la victime. Un professeur d'arithmétique est sur les lieux et commence son enquête. Et pourtant la solution du problème est simple : il faut prévoir un détour par D, E, ou F, de façon à ce que les trains partis de A et de B ne puissent plus jamais se rencontrer en C ! La sécurité des usagers réclame cette mesure qui peut sembler révolutionnaire mais qui est nécessaire ! ».
A croire qu'en ces temps héroïques, la double voie et la signalisation n'existaient pas... Faute de photo d'accident ferroviaire (et heureusement !), nous illustrons cette page avec quelques photos de circulations en voie unique.
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Vous l'avez lu dans votre livre d'arithmétique habituel : encore une fois, deux trains partis de A et de B, se sont rencontrés à C ! Et nous disons : assez ! Ces catastrophes doivent cesser ! La SNCF doit prendre des mesures au sujet de ce noeud ferroviaire de C, qui est certainement l'endroit de France où le plus de collisions ont lieu ! Les pouvoirs publics s'en remettent aux potaches pour faire l'enquête, enquête dérisoire s'il en est ! A quoi cela sert-il de savoir l'heure exacte de la collision ? Ce qu'il faut c'est aménager C, ou même ne mâchons pas les mots, supprimer C radicalement.
Photo : Lionel SUTY.
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Les vacances approchent : nous avons droit à ce que toutes les mesures de sécurité soient prises pour éviter des accidents. Or que fait notre compagnie nationale des chemins de fer ? Elle se livre à des expériences puériles autant que dangereuses, faisant voler un pigeon du train parti de A, jusqu'au train parti de B et réciproquement, jusqu'à ce que le malheureux animal soit écrasé entre les deux locomotives en C. Que fait la SPA ? Que fait l'ONU ? Quand est-ce que C cessera d'être la honte d'un système ferroviaire que le monde nous envie ? Parce que, en dehors de ce sanglant lieu-dit, tout se passe très bien ; et nous vous défions de trouver ailleurs un pigeon écrasé entre deux locomotives ! Au nom des pigeons et des autres usagers de la SNCF, nous vous demandons la suppression de C !
Photo : Benoît GÉHANT.
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Nous demandons à nos amis potaches qui vont bientôt partir en vacances, d'éviter soigneusement les gares de A et de B, qui détiennent le triste record des catastrophes. Utilisez la gare Saint-Lazare, la gare de Lyon, la gare Saint-Charles, la gare de Bordeaux, n'importe quelle gare sérieuse où toutes les mesures de sécurité sont prises. Et, si par hasard vous apercevez un imbécile de pigeon voleter au-devant de la locomotive du train qui vous emporte, alors n'hésitez pas : tirez la sonnette d'alarme !
Photo : Loïc GIULIANI.
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